"Cancre ?" Regard sur les délaissés de l'école

Témoignages d'ex-cancres ayant rebondi - Documentaire LCP

Cette période de fin d’année, où les questions d’orientation et de choix de filières d’études sont au cœur des préoccupations des scolaires, étudiants et parents, est l’occasion d’évoquer le revers de cette réalité : chaque année, ce sont près de 150.000 élèves qui sortent du système scolaire sans aucune qualification.

Mais cette sortie de route ne se limite pas à une donnée statistique. D’un point de vue social et psychologique, elle est une réalité immédiate, vivante, faite de souffrance et de mal-être pour tous ces sujets tombés dans l’échec scolaire et appelés à y rester, si on en croit leur ex- profs.  

Ces « cancres », qui donnent leur nom d’opprobre à ce beau documentaire de LCP/France 3, il arrive qu’ils finissent par trouver, par des chemins d’apprentissage détournés, un sens à leur vie et un débouché à leurs envies marginales. C’est là le propos de ce film, lequel repose sur les témoignages de trois anciens cancres qu’on dira « anonymes » et de trois autres plus connus du grand public : le journaliste Jean-Michel Apathie, le comédien Bernard Campan et le chef cuisinier Thierry Marx.

Né dans le Paris populaire, mauvais élève tenté par la délinquance, quasi illettré, Thierry Marx fut sauvé par son CAP de pâtissier obtenu au contact des Compagnons du devoir, que, dans un beau lapsus, le chef appelle « les Compagnons des devoirs », marquant ainsi à quel point le souvenir de ces travaux de classe non rendus ou affligés de mauvaises notes perpétuelles continue de hanter son imaginaire malgré la réussite. Avec 40 ans de recul, Il raconte la gêne qui le mina au moment de réaliser en atelier son premier gâteau de cérémonie : fallait-il ou non un "e" final à "bon anniversaire" ?

Comme celui des autres intervenants, le propos de Th. Marx est une leçon de sagesse et un encouragement plein de foi et de tendresse pour ceux qui ne sont et ne seront jamais «ni "fils de" ni "élève de"».

 

Sur la question de l'échec scolaire - ressources scientifiques en libre accès

Les réformes qui modifient en profondeur le système éducatif à partir de 1959 ont pour effet d’accorder une importance inédite à l’École  : à partir de ce moment charnière, les classements scolaires déterminent de plus en plus la valeur et la place sociale des individus – à commencer par leur profession – et deviennent la pierre de touche d’une justice sociale désormais principalement fondée sur la méritocratie scolaire. Dans le même temps, l’«  échec scolaire  » s’impose, sociologiquement, comme un problème majeur (Morel, 2010)

Des collègues, linguistes et psychologues « cognitivistes », cherchent à révéler les mystères de la « boite noire » des apprentis-lecteurs.  Je leur suis reconnaissant. En effet, je souhaite depuis longtemps l’occurrence de tels travaux complémentaires des miens. Quant à moi, je poursuis mon exploration psychopédagogique sur le terrain des classes du Cycle des apprentissages fondamentaux afin de promouvoir l’efficacité de l’enseignement de la lecture-écriture et ainsi de réduire l’échec scolaire.

La question de l'échec scolaire est « né » dans une partie du système, dans la partie primaire communale. Globalement jusque dans les années cinquante, la question ne se pose pas dans le secondaire. Ce n'est qu'avec la mise en système unique, que l'on peut « dater » de la réforme Berthoin, que ce thème s'impose dans le champ du secondaire.

En rappelant que la question du décrochage scolaire était une question sociale, scolaire et politique, cette thèse tente, à partir d'une mise en regard de quatre expérimentations sociales de lutte contre le décrochage scolaire d'en tirer des enseignements transversaux.