Autour de l'identité noire
La BU Martinique, en coordination avec Cheikh Nguirane et Laurette Célestine, enseignants-chercheurs à l'INSPE de Fort-de-France, vous invite Mardi 13 avril, 13 h (19h à Paris), à une rencontre croisée autour de la question de l'identité noire avec Maboula Soumahoro et Steve Gadet, auteurs respectifs de Le Triangle et L'Hexagone. Réflexions sur une identité noire (2020) et Les intellectuels ? On les préfère morts ou étrangers ! (2019).
Compte tenu du contexte, cette manifestation sans public sera accessible uniquement depuis le Facebook live de la BU ► https://www.facebook.com/bumartinique/
Maboula Soumahoro est maîtresse de conférences à l’université de Tours et présidente de l’association Black History Month, dédiée à la célébration de l’histoire et des cultures noires. Elle interviendra depuis la métropole.
Steve Gadet est maître de conférences en études anglophones à l’Université des Antilles. Ses recherches portent notamment sur les cultures urbaines et les mouvements religieux afro-diasporiques.
Comment la question de l'identité noire se pose t-elle en France et ailleurs ? Un essai de définition serait-il à même d' intégrer, restituer, articuler la diversité de tant d' origines, d'expériences individuelles ou collectives et de trajectoires de vie ? Comment appréhender la notion de "communauté noire" ? Pour accompagner cette vaste réflexion, nous vous proposons ci-dessous quelques pistes bibliographiques exprimant la variété des approches sur ce sujet.
Connectez-vous nombreux !
Sur le sujet
- CAIRN - Revues en SHS (abonnés UA)
Djavadzadeh, Keivan. « The Beyoncé Wars : le Black feminism, Beyoncé et le féminisme hip-hop », Le Temps des médias, vol. 29, no. 2, 2017, pp. 159-176.
En mai 2014 se tenait, à la New School de New York, un débat sur les représentations médiatiques du corps féminin noir réunissant plusieurs personnalités du féminisme africain-américain appartenant à différentes générations.
Senghor, R. (2015). Normalisation de la « question noire » : Le cas français. Le Débat, 4(4), 94-104.
Parce que la population noire de France a crû en nombre et en visibilité, une génération a émergé. Il ne viendrait tout simplement pas à l’esprit de celles et ceux qui la composent d’avoir à justifier de leur francité. Seuls, toujours, le regard, le propos de l’Autre amènent, parfois brutalement, à devoir revisiter cette posture spontanée.
"Mais je ne suis pas noire !" Pièce de théâtre écrite et interprétée par Christelle Evita, Topique, 2017/3 (n° 140), p. 61-66.
Noire de peau, je suis régulièrement, particulièrement en France, questionnée sur « mon » origine, je dirais même questionnée sur ma vraie origine. À la question, je réponds : « française » car je suis de nationalité française, née française en France hexagonale de parents français. La question qui suit est alors immanquablement : « Non… Tu es de quelle origine vraiment ? » Être ainsi constamment questionnée, renvoyée à sa vraie/fausse origine supposée et plus encore le fait que « l’origine » que j’énonce soit niée par mon interlocuteur, m’a depuis longtemps plongée dans une large palette d’états émotionnels… Étonnement, colère, tristesse, lassitude, sentiment d’étrangeté car, si je ne suis pas vraiment française, que suis-je ? Noire ? Mais qu’est-ce qu’une identité noire ?
- Open Edition (revues LSHS en libre accès)
Michel Giraud, « « Question noire » et mémoire de l’esclavage », Cahiers d’études africaines [En ligne], 198-199-200 | 2010
La mobilisation en France autour d’une identité « noire » et les débats qu’elle suscite, aussi bien dans ce qui n’est pas unanimement admis être une « communauté noire » qu’hors de celle-ci, sont devenus si présents que les grands médias ne peuvent plus l’ignorer, même s’ils tendent d’en amoindrir la portée en la dévoyant vers des débats d’importance secondaire. Comme celui de savoir s’il faut recruter des présentateurs/trices noir(e)s à la télévision ou faire connaître davantage des personnalités d’origine africaine, antillaise ou guyanaise que ce n’est encore le cas aujourd’hui. Cette mobilisation et ces débats se nourrissent en partie, notamment chez les Antillais ou relativement à eux, d’un fort rassemblement autour du souvenir de l’esclavage des « nègres » et des controverses qu’a fait naître l’idée même d’un « devoir de mémoire » de cette servitude. Comme si la traite négrière et la mise en esclavage des Africains dans le Nouveau Monde étaient devenues le paradigme de toutes les dominations auxquelles les « Noirs » de France sont encore soumis.
Mame-Fatou Niang, « Mariannes Noires : la condition noire au féminin », Esclavages & Post-esclavages [En ligne], 3 | 2020
Sept Françaises d’origine africaine et caribéenne nous entraînent dans leurs explorations d’une expérience commune, celle d’être noire et française, noire en France. Elles sont artistes, entrepreneures, intellectuelles, et nous parlent de leur quotidien, de leurs aspirations, de leurs combats. Ces femmes sont françaises, mais leur francité naît et s’épanouit dans des différences culturelles et esthétiques que ce pays a encore du mal à intégrer. Mariannes noires [film documentaire], ce sont sept récits qui s’enlacent et se font écho afin de lever un coin du voile sur des expériences noires en France.
David Murphy, « La littérature noire et les études postcoloniales », Les actes de colloques du musée du quai Branly Jacques Chirac [En ligne], 3 | 2011, mis en ligne le 26 avril 2011, consulté le 29 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/actesbranly/495 ; DOI :
Prétendre que la France est une société postcoloniale ne signifie pas du tout que la France entière se reconnaît comme telle. Comme le remarque l’un des personnages des Versets sataniques de Salman Rushdie, les Anglais ont du mal à comprendre leur histoire pour la simple raison que l’essentiel de cette histoire a eu lieu outre-mer.
Alain Kiyindou et Théodora Miéré Pélage, « Réseaux virtuels, reconstruction du lien social et de l’identité dans la diaspora noire », Études de communication [En ligne], 38 | 2012
Les membres de la diaspora noire se servent des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), téléphone mobile, messagerie électronique, sites Internet et blogs, etc. pour mieux se comprendre, discuter des problèmes de développement et participer de façon plus efficace à leur résolution. Les Africains de la diaspora cherchent, avant tout, à maintenir des contacts avec leurs amis et leurs parents restés « au Pays ». La reconstruction du lien social et la reconstruction identitaire apparaissent, dans ce cadre, comme sources de motivation des internautes.
- Manioc - Bibliothèque numérique Caraïbe-Amazonie
La condition noire. Essai sur une minorité française. Rencontre avec Pap Ndiaye, BU Martinique, 8 avril 2014
Description : La bibliothèque universitaire reçoit l'historien Pap Ndiaye, professeur à Sciences po, autour de la publication de son ouvrage "La condition noire : essai sur une minorité française" (Calmann-Lévy, 2008, puis Folio Gallimard). L'échange est animé par Steve Gadet, enseignant-chercheur au département d'Anglais de l'UAG. Pap Ndiaye évoque les raisons de la faible existence des études sociologiques sur les Noirs en France et les réticences des chercheurs en sciences humaines et sociales français à aborder les inégalités sociales au-delà des questions de classes, puis développe sa méthodologie dont le point de départ est l'expérience sociale d'être considéré comme Noir, de se voir attribuer une identité. Ses travaux analysent l'expérience de l'étrangeté, du dehors, les discriminations, le racisme.
- France Culture
Sortir des assignations avec Rachel Kahn. L'invité(e) des matins, 11 mars 2021
"Je refuse le terme « racisé » parce qu’il ramène le sujet de la race à l’ordre du jour, alors même qu’on l’a supprimé de la Constitution, qu’on a des principes universalistes qui nous poussent à sortir des carcans identitaires. Ce terme enferme tout de suite dans une forme de victimisation. Je ne suis pas noire. Je suis blanche, noire, femme et plein d’autre chose. Dire « racisé » ferme le circuit identitaire."
Existe-t-il une identité noire en France ? Émission Le temps du débat, 14 août 2020
Il s’appelle Jean-Pascal - alias JP. Il est acteur, il a 38 ans, une femme, un enfant, de très grandes dents, mais surtout : il a la peau noire. JP est noir et cela ne l’aide pas vraiment à percer dans le monde fermé du cinéma français. JP est en colère de constater qu’en 2020, les Noirs sont encore marginalisés. Il a donc l’idée d’organiser la toute première marche des fiertés noires en France, une sorte de Black Pride pour faire entendre la voix de la communauté au reste de la société. Mais en frappant aux portes de l’humoriste Fary, des rappeurs Joey Starr et Soprano, d’Omar Sy ou encore de Fabrice Eboué, Jean-Pascal réalise qu’il existe un peu plus d’une seule nuance de noir dans l’Hexagone…Cette histoire, c’est le pitch de départ de Tout simplement noir, une comédie de Jean-Pascal Zadi sortie en salles le 8 juillet, et qui est cet été un succès au box-office français. C’est d’ailleurs le film qui a fait le plus d’entrées depuis la fin du confinement, avec près de 650.000 spectateurs.
- Google Scholar (travaux de recherche en libre accès)
Jacques, Jacinthe (2010). « Les populations afrodescendantes du Venezuela : une réflexion sur l'identité noire » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.
Ce mémoire se veut un reflet général sur la situation de la diaspora africaine dans les Amériques et plus particulièrement sur les populations noires dans l'espace social vénézuélien. Le projet désire surtout examiner différents lieux culturels dans lesquels la discrimination raciale est particulièrement apparente. Du discours populaire en passant par l'industrie touristique et les concours de beauté jusqu'à la politique nationale, la recherche tente de démontrer que malgré certaines avancées depuis l'avènement d'Hugo Chavez au pouvoir, il subsiste un processus actif de discrimination raciale dans la réalité actuelle.
Dufoix, S. (2006). WEB Du Bois:«race» et «diaspora noire/africaine». Raisons politiques, (1), 97-116.
Les premières occurrences formelles de « diaspora noire/africaine » apparaissent en 1965 respectivement dans un article d’Abiola Irele intitulé « Negritude or Black Cultural Nationalism » et dans une communication de l’historien George Shepperson, « The African Abroad or the African Diaspora », au congrès international d’histoire africaine tenu à Dar es Salaam. Si ce n’est pas la première fois que le terme de diaspora est imprimé en lien avec l’Afrique et si les deux auteurs rappellent que l’expression « diaspora africaine » ou « diaspora noire », loin d’être de leur invention, circulait dans les milieux tant populaires qu’intellectuels aux Amériques, ces deux occurrences signalant indubitablement le surgissement d’une formule appelée à un grand et rapide succès.