James Bond est caribbéen
La mort de Sean Connery à 90 ans à Nassau, capitale des Bahamas où il vivait depuis plusieurs années, nous rappelle à quel point le personnage emblématique qu’il incarna est lié à la Caraïbe. C’est en effet en Jamaïque où il s’installe en 1942 que Ian Flemming écrit l’ensemble des romans mettant en scène le célèbre agent du MI6. Il y fait construire en 1946, la villa Goldeneye dans laquelle il passe tous les hivers jusqu’à sa mort en 1964. C’est dans cette villa et aux alentours que l’ancien espion devenu écrivain se livre à un de ses loisirs favoris, l'observation des oiseaux, en utilisant le guide de référence publié en 1936 : Birds of the West Indies.
Si pour le nom de son personnage, Ian Fleming reprit celui « bref, non-romantique, anglo-saxon et très très masculin » du célèbre ornithologue, il composa son personnage en s’inspirant de son frère Peter, écrivain-voyageur et membre du contre-espionnage britannique en Grèce puis en Inde pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais surtout du légendaire Dušan Popov, agent triple pour le compte des Britanniques, des Nazis et des Yougoslaves, grand amateur de femmes et de casinos.
C’est Popov qui inspire la première apparition de l’agent 007 dans le roman Casino Royal (1953) où il doit battre au baccara un agent soviétique. Sa couverture est alors celle d’un riche propriétaire en Jamaïque, encore colonie britannique. Curieusement, alors que le roman original situe toute l’action en France, pour l’essentiel dans la ville fictive de Royale-les-Eaux, c’est à Nassau (Bahamas), que se déroule la mythique partie, mais transformée en poker, dans l’adaptation de 2006 avec l’acteur Daniel Craig dans le rôle éponyme.
Dans le deuxième roman Vivre et laissez mourir (Live and Let Die, 1954), James Bond combat un criminel jamaïcain et agent des Soviétiques, Mr Big, qui a découvert le trésor du célèbre pirate puis gouverneur de la Jamaïque, Henry Morgan ( 1635-1688) et finance grâce à lui les opérations des communistes sur le continent américain. Dans le film de 1973, le personnage du Dr. Kananga, dictateur dans la petite île caribéenne de San Monique est le principal antagoniste du héros incarné cette fois par Roger Moore.
Cependant, plus que Casino Royal, premier roman et énorme succès d’édition, c’est le premier film produit par Albert R. Broccoli et Harry Saltzman et réalisé par Terence Young : Dr. No (1962) qui lie l’agent du contre-espionnage britannique à la Caraïbe et à la Jamaïque. Le James Bond Theme, le générique d’entrée, les paysages de la Jamaïque, la sortie des eaux d’Ursula Andress sur la plage située au pied de la villa de Ian Fleming et depuis rebaptisée James Bond Beach installent définitivement James Bond et son acteur comme l’un des mythes de la culture de masse.