Il s'appelait cumbia...

Mario Gareña vient de mourir à 88 ans, il est l'auteur d'un des plus grands succès de cumbia, cette musique colombienne née dans la Caraïbe.
Mario Gareña au micro de Radio Caracol dans les années 60

La cumbia est un genre musical né au 17e siècle dans la Caraïbe colombienne qui s’est depuis répandu dans toute l’Amérique latine, jusqu’en Argentine. Par ses instruments - tambour, gaita (flûte faite avec le coeur d’un cactus) - et par ses rythmes, elle hérite de la rencontre des populations africaines, amérindiennes et européennes dans le vice-royaume de Nouvelle-grenade. De nos jours, c’est une musique très populaire en Colombie, nourrie par de nombreux compositeurs et interprètes qui l’ont enrichie avec des instruments modernes.

Mario Gareña qui vient de mourir est l’auteur du succès le plus indéniable du genre : Yo me llamo cumbia (Je m’appelle cumbia) dont presque tous les chanteurs colombiens ont fait une interprétation, de la classique Tota la Monposina au plus récent Puerto Candelaria.

Né à Barranquilla, le grand port de la côte caraïbe, en septembre 1932, Mario Gareña (de son vrai nom Jesús Arturo García Peña) part à sa majorité vers Cali pour participer à plusieurs orchestres qui animaient alors la riche vie nocturne de la ville. Après plusieurs années dans la capitale vallecaucana et quelques petits rôles au cinéma, il arrive à Bogota et entame une carrière de crooner qui a fait sa popularité. Sa voix de ténor, sa présence scénique et sa capacité à composer dans tous les genres musicaux en font l'un des chanteurs les plus populaires de Colombie.

En 1969, il enregistre son plus grand succès, devenu un classique : Yo me llamo cumbia. Il y décrit la cumbia comme une femme portant tous les charmes de la Caraïbe et la magie de sa musique :

Yo me llamo cumbia, yo soy la reina por donde voy,
no hay una cadera que se este quieta donde yo estoy,
mi piel es morena como los cueros de mi tambor,
y mis hombros son un par de maracas que besa el sol.
(bis)

Tengo en la garganta una fina flauta que Dios me dio,
canuto de millo, olor de tabaco, aguardiente y ron,
tomo mi mochila, enciendo la vela y repica el son,
y enredo en la luna y en las estrellas toda mi voz.
(bis)

Como soy la reina, me hace la corte un fino violin,
me enamora un piano, me sigue un saxo y oigo un clarin,
y toda la orquesta forma una fiesta en torno de mi,
y yo soy la cumbia, la hembra coqueta y bailo feliz.
(bis)

Yo naci en las bellas playas caribes de mi pais,
soy Barranquillera, Cartagenera, yo soy de ahi,
soy de Santa Marta, soy Monteriana, pero eso si,
yo soy Colombiana, ¡oh! tierra hermosa donde naci.
(bis)

Son succès populaire, décuplé par les nombreuses émissions de télévision auxquelles il apportait son entrain, ses chansons et son charisme, le pousse à se présenter aux élections présidentielles de 1990. Mais sa popularité ne se traduit absolument pas en suffrages, puisqu'il finit onzième sur douze candidats avec moins de 2500 voix. Déçu, Mario Gareña quitte alors son pays et la musique pour s’installer à Salt-Lake City, où il est décédé d’une chute à son domicile le 25 août 2021.

Moins connue que la salsa ou le reguetón, la cumbia a peu fait l’objet d’étude en français, mais elle est le sujet de nombreux articles dans le monde anglo-saxon. Ceux qui veulent approfondir leur connaissance de ce genre musical caribéen peuvent se reporter aux nombreuses publications le concernant.