Édouard Delépine (1932-2020) militant et historien.
Né en 1932 à Fort-de-France, Édouard Delépine milite dès ses années de lycée à l’Union de la jeunesse républicaine de France, organisation de jeunesse du mouvement communiste, puis il rejoint la Fédération de Martinique du Parti communiste français. Quand Aimé Césaire et ses partisans quittent le PCF pour former le Parti progressiste martiniquais en 1956, il est un des dirigeants du parti communiste qui s’autonomise du PCF et devient le Parti communiste martiniquais sous la direction de Camille Sylvestre. Cependant, toujours à l’écoute des mouvements ouvriers et révolutionnaires internationaux et conscient des apories d’une position autonomiste, il se rapproche peu à peu du trotskysme et est exclu du PCM en 1971.
En 1972, avec Édouard Jean-Élie, Vincent Placoly, Philippe Pierre-Charles et Gilbert Pago, il fonde le groupe Révolution socialiste, section antillaise du Secrétariat unifié de la Quatrième internationale et clairement indépendantiste. Il est notamment un des acteurs politiques de la grève de Chalvet en 1974, comme il le raconta dans son ouvrage Chalvet février 1974 (Le Teneur, 2014)
En parallèle à ses engagements militants, il mène une carrière de professeur d’histoire et géographie au lycée Schoelcher et commence ses recherches sur l’histoire de la Martinique. En 1980, il publie son premier ouvrage majeur, La Crise de février 1935 à la Martinique : la marche de la faim sur Fort-de-France (Paris : L’Harmattan, 1980) qui est salué par Léo Élisabeth. Il participe au grand chantier historiographique de l’Historial Antillais (Éditions Dajani, 1979-1981) dans lequel il écrit des contributions sur le mouvement ouvrier martiniquais.
Au début des années 1980, il quitte le GRS pour adhérer au PPM d’Aimé Césaire en 1982 et commence une carrière d’élu, d’abord comme conseiller régional de 1986 à 2004, puis maire du Robert de 1989 à 1997 et conseiller général de 1992 à 1998 pour le canton du Robert.
Après son retrait de la vie politique active, il se tourne avec plus d’intensité vers son œuvre d’historien, publiant une biographie de Camille Darsière (K. Éditions, 2009) et offrant aux Martiniquais une anthologie des Écrits politiques d’Aimé Césaire (Nouvelles éditions Jean-Michel Place, 2016-2018). Jusqu’à la fin de sa vie il a multiplié les conférences et interventions dans le débat public martiniquais.