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"L'école est à nous ! " - Documentaire

Culture, école, enseignement supérieur : l'héritage de Jean Zay

L’école est à nous ! Ou comment Jean Zay révolutionna l’Education nationale (diff. 2021, chaîne LCP, 52 mn)

Alors que la situation de l’école, de l’université et des institutions culturelles demeure au centre de toutes les attentions – et de toutes les attentes déçues- en cette période d’incertitude sanitaire, l’occasion nous est donnée grâce à ce documentaire de revisiter tout ce que ces secteurs de la vie publique et collective doivent à l’héritage ambitieux de Jean Zay.

Nombre de villes possèdent une école, une rue, un foyer d’étudiants Jean Zay mais la postérité toponymique n’est pas le plus court chemin vers la notoriété. Que sait-on au juste du parcours de cet humaniste, avocat de métier, fervent militant de l’éducation et de la culture pour tous, homme d’Etat visionnaire et éclairé, qui, comme ministre du Front Populaire, fut à l’origine de biens des évolutions ?

La liste de ses réalisations ou de celles qu’il n’eut que le temps d’initier parlera nécessairement à tout un chacun, tant elles sont désormais ancrées dans notre quotidien et dans notre paysage culturel : l’allongement de la scolarité à 14 ans, les sorties scolaires, le sport et les travaux pratiques à l’école, la liberté pédagogique laissée aux instituteurs selon le modèle Freinet, le CROUS, la création du CNRS, le festival de Cannes, le 1% artistique, les bibliobus. Dans l’idée de combattre le hasard de la naissance et de la fortune comme seul outil de promotion sociale, Zay jeta également les premières bases d’une école accessible sur concours et destinée à former les hauts fonctionnaires : ainsi naquit, après la Seconde guerre, l’ENA. Au vu de ce legs aussi éclectique que durable, chacun estimera quelle part de sa conscience citoyenne il doit à Jean Zay.

Ennemi des privilèges de position sociale, le ministre Zay démissionne le 2 septembre 1939 pour rejoindre l'armée française en simple soldat, comme ceux de sa classe d'âge. Sous Vichy, le « juif Jean Zay » est la cible toute désignée de l’antisémitisme du régime et de ses fidèles relais dans la presse. Condamné et Incarcéré fin 1940, il est libéré le 20 juin 1944 et assassiné aussitôt par la Milice, l’organisation paramilitaire du régime de Vichy.

Durant sa captivité, on nous dit qu’il réfléchissait encore ardemment, schémas d’organigramme à l’appui, à ce que pourrait être, après la guerre, un grand "ministère de la Vie culturelle" regroupant la recherche, l’enseignement, la culture, les sports. Dans cette mesure, souligne, le chercheur Frédéric Gimello-Mesplomb, on peut dire que « Jean Zay a anticipé les grandes politiques culturelles de la Libération, d'André Malraux et de Jack Lang *».

Outre les témoignages de chercheurs, ce documentaire donne la parole aux deux filles de Jean Zay ainsi -c'est bien le moins- qu’ à des élèves scolarisés dans un collège portant son nom.

A lire

* Frédéric Gimello-Mesplomb. "Jean Zay ou le projet de minisère de la Vie culturelle (1936)". Site de l'Université de Metz.